Believe it or Don't.
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

 

 C. Delusion - Terminée ?!

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Cody Delusion

C. Delusion - Terminée ?! Sanstitre2copieg
Cody Delusion


Messages : 69
Date d'inscription : 20/06/2009

Who are you?
Boulot / Occupation :
Age :
Write that you want here :
C. Delusion - Terminée ?! Empty
MessageSujet: C. Delusion - Terminée ?!   C. Delusion - Terminée ?! EmptySam 20 Juin - 23:39


    I. Informations de base

    Nom : Delusion
    Prénom : Coleen [ Cody ]
    Age : 16 ans
    Date de Naissance : 24 juin
    Nationalité : Anglaise
    Origines : Anglais pur souche
    Groupe : Truth War Squad

    II. Précisions

    Caractère : Cody est un jeune garçon dont la compagnie est très appréciable. Qui que soit son interlocuteur, il garde toujours cette même politesse envers lui, mais la nuance de plusieurs façons, aussi variées que distinctes : chaleureuse, indifférente, froide, méprisante... Jamais il ne prononce de mot déplacé ; et, si ses tournures de phrase paraissent peut-être guindées, elles n'en sont pas moins parfaitement naturelles, et passent de ce fait sans difficulté. Tout comme sa bouche est l’instrument d’expression de son visage, sa voix et la manière dont il parle reflètent parfaitement ses sentiments. D’un naturel à la fois franc et diplomate, il n’a pas à se forcer pour demeurer dans les limites de la courtoisie, sans pour autant maquiller ses idées.
    On peut sans doute s’étonner qu’une personne, ayant un tel souci de la sincérité, continue à se faire passer pour un garçon alors qu’il s’agit bel et bien d’une jeune fille. Il est évident qu’au début, la peur lui a fait accepter de se faire passer pour ce qu’il n’était pas, la peur et le respect, aussi. Il aimait malgré tout son père, et n’aurait jamais voulu le décevoir, pour rien au monde. Mais à présent que son père est mort… Et bien, l’habitude peut-être ? Ou, tout simplement, une sorte de superstition. Il a fait une promesse, après tout ; et Coleen est morte, dans son esprit aussi bien que dans l’administration. C’est pourquoi il ne supporte pas d’être rappelé à sa véritable nature, et c’est également pour cela qu’il ment à tout le monde à ce propos, sans distinction. Qu’il vous aime, qu’il vous haïsse ou que vous lui soyez indifférent, il se présentera toujours à vous comme Cody Delusion, fils de Lord Delusion. Ce « secret » ne le gêne pas, généralement, dans ses relations avec les autres : leur compagnie de lui déplaît pas, et il a quelques amis proches à qui il voue une confiance absolue. Pas assez, cependant… Toujours est-il que seuls quelques-uns de ses supérieurs à la TWS sont au courant de ce qu’il cache, et que ses traits fins sont, de ce fait, utilisés comme couverture lorsqu’il s’agit de – comme il dit – se « renseigner ». Après tout, il existe quelques différences non négligeables entre un jeune garçon fluet et une fille aux cheveux courts. Bien entendu, Cody déteste ça.
    Mais loin de lui l’idée de vouloir contrarier ses supérieurs, bien au contraire. Il est dévoué à la cause de la Résistance, et ferait n’importe quoi pour elle. Tuer ne le dérange pas – non qu’il soit un sadique, bien au contraire –, mais si c’est nécessaire, il ne protestera pas. Toujours est-il qu’il évite autant que possible de prendre des vies : pour lui, elles ont une valeur, et les arracher a un coût qu’il est prêt à rendre, pourvu que cela soit indispensable. En revanche, sans être colérique, il peut aussi s’énerver plus au moins facilement. Dans ces cas-là, il a trois armes : les mots, qu’il manie à merveille, la canne, avec laquelle il frappe plus pour se calmer que pour punir, et le revolver, outillage pas si moderne mais qu’il juge bien pratique.
    Il faut bien avouer que, pour ce qui est du jugement, Cody n’est pas l’objectivité faite homme. Ce qu’il pense personnellement des autres a une grande influence sur la manière dont il raisonne face à eux : ainsi, sauf pour certains cas j’imagine, il est plus enclin à voir le bien que l’inverse dans l’esprit des autres. Cette indulgence n’est cependant ni de la naïveté, ni un poids qui l’empêcherait de se montrer lucide. Il s’agit juste… et bien, d’un rien d’humanisme, j’imagine. Ou juste de sentimentalité, chose un peu moins avouable n’est-ce pas.
    Sa capacité d’écoute et d’analyse font de lui un interlocuteur pour le moins agréable. En outre, il ne se départit presque jamais de son calme – hormis circonstances atténuantes, bien entendu. S’il n’est absolument pas insensible, il ne se laisse pas émouvoir par n’importe quoi. Lorsque la situation s’y prête, il n’aime pas laisser deviner son trouble, et sa franchise devient une sorte de moyen de défense pour minimiser ses impressions. Après tout, ce que l’on dévoile sans sourciller ne doit pas être si important, n’est-ce pas ?
    Acculé, il optera pour l’aplomb. Soit celui de dire la vérité qu’il avait défendue sans prendre garde à l’impact qu’elle peut avoir, soit celui de mentir encore plus effrontément, ce qui fonctionne relativement bien également. Mais il n’est pas du genre à s’entêter alors qu’il sait avoir perdu : il combattra jusqu’à la fin, certes, mais il sait admettre sa défaite lorsqu’il en subit une.

    Que ce soit sa franchise ou sa capacité à dissimuler ce qui lui est le plus secret qui créée cette aura autour de lui, celle-ci est indéniable. Se dégagent de lui deux impressions distinctes : l’une de volonté, l’autre, de douceur, peut-être à cause de sa voix, posée, ou de l’expression de ses yeux. Je n’écrirai pas qu’il ne laisse personne indifférent, parce qu’il sait se faire oublier ; ni qu’il possède cette sorte de force que les grands de ce monde ont obtenu, pour la bonne raison qu’il n’est pas de ceux-là. Il est tout au plus un adolescent qui, à force de vouloir se protéger, a appris à aimer.


    Physique : Vous la voyez tous les jours et l'appelez Cody, voire Delusion. Il ne vous viendrait jamais à l'esprit que son véritable prénom est Coleen. Un nom de fille pour cet être au visage mince, que vous prenez pour un garçon. Un beau garçon, sans doute, un garçon dont les traits fins portent effectivement à confusion. La première fois que vous l'avez aperçu, vous avez eu un moment de flottement - comme un doute. Puis on vous a dit qu'il s'appelait Cody ; alors vous vous êtes décidé sans chercher à approfondir le sujet. Pourquoi se poser des questions, après tout ? Mentir à ce propos n'est certainement pas intéressant. "Il", donc.
    Vous avez pourtant été intrigué par cette silhouette frêle aux gestes délicats, qui s'appuie souvent sur une canne de bois sombre finement ciselée. Vous vous êtes peut-être demandé s'il s'en servait pour s'accommoder de telle ou telle infirmité - mais non, ce n'est pas le cas. Il s'agit juste d'un accessoire que l'adolescent apprécie. Un accessoire qu'il utilise parfois, pour passer sa colère, mais continuons. Souvent, vous le suivez des yeux quand il marche, à cause de cette grâce accidentelle qu'il laisse toujours trop transparaître, comme si son corps était un amas de bouts de verre qu'il essayait de garder assemblés. Par exemple, il n'écarte jamais beaucoup les bras de son corps et ne fait jamais de grands gestes. Vous n'aviez pas remarqué cette habitude, n'est-ce pas ? Quoiqu'il ne s'agisse pas vraiment d'une habitude, mais plutôt d'une réserve naturelle.
    Pourtant, malgré le peu d'espace qu'il gaspille, vous ne pouvez manquer de le remarquer. A cause de la couleur de ses cheveux, sans doute, d'un bleu sombre, aux nuances changeantes selon les jours et les humeurs. Mais aussi à cause d'autre chose : cette... Quel pourrait être le mot exact ? Vous avez raison : aura. Cette aura qui l'entoure et qu'il ne contrôle pas vraiment : elle marque, empêche d'oublier cette personne si intrigante. Ce qui se dégage de Cody est la nuance des mots : le bleu de ses yeux, c'est le calme et non la sérénité. Qui pourrait voir la sérénité en lui ? La couleur de ses pupilles vous paraît changeante, mais peut-être n'est-ce qu'une impression de votre part, due à la manière dont il abaisse ses cils, dont il ferme presque les paupières - des paupières mauves, maladives. Oui, indéniablement, ce regard-là est un regard féminin, par la longueur des cils, par l'indolence des prunelles, par la froideur et la chaleur qui s'y succèdent, par l'indifférence derrière laquelle elle les cache. Vous le savez, il ne dérobe que rarement son regard au vôtre. Mais vous savez également que lorsqu'il le fait, c'est sans conteste, et sans espoir de retour, vous avez été trop loin, faites un pas en arrière. Parfois il cherche ses mots, il paraît incertain, et alors vous êtes surpris par l'impression de fragilité qui se dégage de lui - c'est si rare.
    Lorsque vous le regardez, vous ne regardez pas si souvent sa bouche. Vous devriez. Elle est l'élément de franchise dans son visage, elle est ce qui fait toute son expressivité et tout ce qui contraste le calme de ses yeux. A première vue, rien de particulier : deux lèvres fines, trop charnues sans doute pour un jeune homme, plus violettes que rouges, ce qui lui donne constamment l'air d'avoir froid. Il n'est pourtant pas si frileux. Ces lèvres-là sourient, rient, découvrent de petites dents saines, qui vous paraissent incapables de mordre. L'expérience vous a déjà révélé le contraire, par les mots qu'elle prononce. L'expérience, aussi, vous a appris que ce corps-là, frêle et gracile sans doute, n'est pas sans ressource. Ni le maniement de la canne ni celui des armes à feu ne demande beaucoup de force. Il s'agit de précision, qualité innée de son bras.
    Vous ne l'avez jamais vu dans le privé, chez lui. On peut dire qu'il a un état naturel et un état artificiel. L'état naturel est bien sûr ce à quoi il ressemble sans cette mèche qui lui cache le côté droit du visage, sans cette teinture bleue. Sans ce costume masculin.
    Vous ignorez par exemple que ce matin, lorsque Cody s'est réveillé, ses cheveux étaient d'un noir de jais, ses hanches graciles, et sa poitrine légèrement ronde. Poitrine qu'il bande tous les matins avec soin, en enroulant un morceau de tissu autour de son torse. Il serre, pour masquer sa nature féminine. Quant à ses hanches, il n'y a pas réellement besoin de les cacher ; elles sont naturellement étroites, vous savez. A peine courbes. Bien sûr, il y a la forme de ses bras, ses longs doigts fins. Mais qui fait attention à cela ? Cody porte souvent des gants et des vestes à manches longues ; vous ne le verrez jamais à bras découverts. C'est bien trop risqué.
    Il ne faudrait pas que vous ayez des doutes.

    III. Your story

    Je suis née en 2052, à la fin juin. Ce mois-là, la guerre avait déjà commencé, je crois. Évidemment, mon père aurait dû partir ; mais de par son rang il a été réformé sans même avoir à quitter la maison. Il était là à l'accouchement. Ma mère savait pertinemment que mon père voulait un fils, alors elle lui avait caché ce qu'elle savait déjà. Lui n'était absolument pas au courant qu'on pouvait connaître le sexe de l'enfant avant la naissance ; il ne se préoccupait pas de ce genre de chose. La venue de cet enfant n'était que la venue d'un héritier potentiel. Ça faisait longtemps qu'il n'aimait plus ma mère, et il est évident qu'elle n'était plus amoureuse de lui non plus. Plus tard, elle me répétait toujours que ce mariage avait été la plus grande erreur de sa vie. Elle m'aimait bien. Elle s'appelait Alicia, et je me rappelle que je la trouvais belle. Tous les enfants trouvent leur maman belle. Elle... l'était vraiment. Elle avait des cheveux blond cendré, très fins, et une peau de poupée de porcelaine, et de grands yeux délavés. Mais peut-être que sa peau était pâle à cause de sa maladie, je ne sais pas.
    J'ai vu des photographies du jour de l'accouchement. Ma mère sur le lit, plus pâle que les draps, qui tient dans ses bras une toute petite chose aux cheveux très noirs, déjà, les cheveux de mon père. Elle a l'air fatiguée, mais heureuse aussi. Et puis à côté d'elle mon père est assis sur une chaise, il a le dos très droit et le visage très crispé. Un jour, quand elle m'a montré cette image, ma mère a dit que les infirmières s'étaient moquées de lui à cause de la grimace qu'il faisait, on aurait dit qu'il n'arrivait pas à sourire. En fait il était vraiment contrarié, ça, Maman l'a compris, pas le personnel de la clinique. Ils lui donnaient des tapes dans le dos et lui se drapait dans sa dignité et les regardait de haut.
    Il y avait des photographies de mon enfance, aussi. Sur la plupart, je suis seule, mais il y en a aussi de ma mère, toujours à l'intérieur de la maison, et d'autres de mon mère, en costume de ville ou en tenue militaire pour les cérémonies et les bals. Parfois ces images me rappellent des souvenirs. Je ne suis pas particulièrement portée sur la nostalgie, mais je les conserve avec soin, parce qu'elles datent de l'époque de la Guerre. On y voit notre maison, immense, dans le quartier résidentiel - côté riche - de Leixford, et des lambeaux de rues. Mais ce n'est pas très clair, alors tout ça est passé à travers les perquisitions du gouvernement.
    Notre maison a failli être détruite, une fois. Je crois que j'avais trois ans. Maman m'en parlait souvent, après, et jusqu'à sa mort je crois que ça a été l'un de ses pires souvenirs. Elle disait que c'était mon père qui en avait été le plus affecté. Il avait vu la rue détruite, juste devant chez nous, les maisons de nos voisins... Et nos voisins dessous, probablement. Il s'est absenté de plus en plus souvent, et quand il revenait il ne nous parlait plus, jamais. C'était un Lord, il faisait partie de la haute société. Je me demande en quoi ça a influé sur son comportement envers nous.
    Nous avons vécu correctement, et même aisément. La vie n'était pas si difficile, pour nous. Après cette fois, notre quartier n'a plus jamais été touché. Je me rappelle que Maman tenait un journal ; elle y écrivait tous les jours et, parfois, elle m'en lisait des passages. Je me rappelle très distinctement de certains de ces moments. Il me semble qu'elle lisait peut-être plus pour elle-même que pour moi, mais moi je l'écoutais. Elle avait une belle voix, un peu éteinte, un peu rauque. Une voix malade, toujours un peu essoufflée. Vers la fin, elle ne parlait plus.


Dernière édition par Cody Delusion le Dim 16 Mai - 16:08, édité 27 fois
Revenir en haut Aller en bas
Cody Delusion

C. Delusion - Terminée ?! Sanstitre2copieg
Cody Delusion


Messages : 69
Date d'inscription : 20/06/2009

Who are you?
Boulot / Occupation :
Age :
Write that you want here :
C. Delusion - Terminée ?! Empty
MessageSujet: Re: C. Delusion - Terminée ?!   C. Delusion - Terminée ?! EmptyVen 26 Juin - 0:08

    ~

    Ça c'est passé plusieurs années après ; il me semble que j'avais neuf ans. En fait, tout s'est passé cette année-là, en 2061. Je ne sais pas exactement quand est-ce que la guerre s'était arrêtée, ou comment, je me souviens juste que les bruits autour de chez nous avaient cessé. A partir de ces jours-là, j'avais pu recommencer à dormir, la nuit.
    C'était au début du printemps, il faisait encore froid. Maman était déjà malade, très malade, elle était à l'hôpital, c'était durant les mois où elle avait encore toute sa raison. Mon père et moi étions seuls à la maison, avec quelques membres du personnel. Il m'a assise sur une chaise et m'a détaillée, longtemps. Et puis il a appelé quelqu'un. Quelqu'un est arrivé. Je le connaissais, c'était le coiffeur, un italien à la moustache bien taillée. Quand j'étais petite j'aimais tirer dessus, elle s'enlevait à chaque fois et j'en riais beaucoup. Mon père a demandé :

    "Qu'en pensez-vous ?"

    Et le coiffeur a fait une moue réticente, sans répondre. Il s'est approché de moi et a touché mes cheveux, il les repoussait, il les mettait en arrière, il les tirait en chignon. Puis il est passé derrière moi et a soupesé leur épaisseur. Il a dit que c'était dommage, tellement dommage.

    "Je ne vous paie pas pour trouver cela dommage. Et son visage ?"

    L'italien est revenu devant moi, comme à regret, et il s'est penché pour mettre son visage en face du mien. Il semblait mal à l'aise. J'ai fait attention, et pas un seul de mes traits n'a bougé. Alors il s'est détendu et m'a observée plus attentivement. Il a touché mon front, mes pommettes, il m'a dit de sourire, j'ai souri. Puis il a tiré à nouveau mes cheveux en arrière et m'a dit de parler. Je lui ai dit Bonjour. Il a ri, et son rire était tordu.
    Il m'a observée de la même manière encore quelques minutes. J'étais devenue une poupée de porcelaine à force d'immobilité et de néant dans les yeux. Cet homme, ce jour-là, me faisait peur, il fallait que je me protège. Puis mon père a demandé s'il avait bientôt fini, et l'autre s'est redressé aussitôt. Il a détourné les yeux de mon visage, puis il a hoché la tête.

    "Bien. Commencez donc dès à présent."

    Il esquissé une courbette. Je ne saurais dire si elle était ironique ou non, en réponse au ton altier de mon père, mais quoi qu'il en soit il s'est tourné vers moi et m'a demandé très poliment de le suivre pour monter à l'étage, dans mon salon. C'était là où d'ordinaire il me coiffait.
    Je savais peu de choses sur lui, mais les renseignements que j'avais ne m'auraient de toute façon pas pu me faire deviner ce qui m'attendait. Il était également visagiste, et se spécialisait dans les changements de sexe. Il s'occupait donc de modifier suffisamment l'apparence de ceux qui voulaient devenir autres. Je savais juste que sa clientèle évoluait dans les hautes sphères de la société. Il m'a enlevé ma veste d'un geste très courtois, comme il le faisait toujours, et m'a demandé de m'asseoir ; j'ai obéi.
    Il a disposé ses ustensiles de part et d'autre du miroir, des peignes en tout genre et différents petits ciseaux. Je me disais toujours qu'il était vraiment professionnel... On aurait dit un artiste, un véritable artiste. Ensuite il a soupesé mes cheveux, leur épaisseur, à glissé ses mains entre les mèches. J'ai fermé les yeux ; j'ai toujours aimé cela. Lui a toujours admiré mes cheveux. Il les a coiffés avec soin, sans parler. Et puis il a pris les ciseaux posés près de mes mains sur la table, et a commencé.
    Des mèches sont tombées sur mes épaules. Je les voyais glisser jusqu'à terre, beaucoup trop longues à mon goût, et je me regardais dans le miroir. Cela a duré longtemps. Je n'osais rien dire ; mon père était derrière et surveillait l'œuvre du coiffeur. Celui-ci ne s'arrêtait plus, il coupait, il égalisait, il dégradait. Dégradait...

    Il s'est écarté de moi, après. Il m'a demandé si cela m'allait, par habitude. Je ne lui ai pas répondu, j'ai regardé mes cheveux noirs, sur le sol. J'ai relevé la tête pour la voir dans le miroir ; mes si jolis cheveux, si doux, si sombres, ils étaient là par terre et sur ma tête ne restait qu'une coiffure de garçon, avec une mèche sur l'œil. Ils couvraient à peine mon cou.

    Ensuite mon père a renvoyé l'italien après lui avoir dit quelques mots à l'oreille et lui avoir donné une liasse de billets. Il s'est tourné vers moi et m'a dit de me rasseoir. J'ai obéi. Je ne comprenais pas pourquoi il me prêtait autant d'attention, tout à coup.

    "Coleen, écoute bien. Tu m'écoutes ?"

    J'ai hoché la tête.

    "Coleen, je suis Lord Delusion. Ma position sociale est très importante ; à vrai dire elle ne cesse de croître. J'ai beaucoup d'argent. Nous... avons beaucoup d'argent, ta mère et moi.
    Tu sais que ta mère va mourir. Bientôt. Et tu dois savoir que moi aussi, je suis malade. C'est une maladie lente, je vivrai encore quelques années, juste le temps que tu apprennes les bases. Ensuite, tu devrais remplir ton rôle d'héritier.
    J'ai bien dit 'héritier', Coleen. Pour le moment, tu es une gentille petite fille, obéissante. Je veux que tu deviennes un petit garçon tout aussi obéissant. Tu comprends ? Une petite fille ruinerait tous nos espoirs, à ta mère et à moi. C'est pour cela qu'à partir de maintenant tu ne seras plus Coleen. Tu seras Cody, notre fils. Tu comprends ? Coleen n'existe plus. Tu es Cody.
    "

    J'ai écouté, attentivement, jusqu'à la fin. Jusqu'à ce qu'il répète ce nom qui m'était étranger, Cody. Cody était le petit garçon de mon père et de ma mère, il était moi, j'étais donc Cody. Je comprenais. J'ai hoché la tête.

    "Alors, redis-moi l'essentiel."

    Je n'ai pas hésité. Ma voix a coulé aisément, un peu forcée, un peu grave, une petite fille qui essaie d'imiter la voix d'un garçon.

    "Je m'appelle Cody et je suis un garçon."

    Il a acquiescé. Il a dit que c'était bien, que c'était tout à fait cela. Et puis il a dit que je devais oublier Coleen et que Coleen n'avait jamais existé. J'ai oublié Coleen et Coleen n'a jamais existé. Je suis devenue un garçon.

    ~

    Ce jour-là, mon père est rentré bien plus tard que d'ordinaire à la maison. Maman allait mieux ; elle était revenue vivre avec nous. Elle n'avait pas été surprise en découvrant le petit Cody, et en voyant les vêtements masculins à la place des robes dans l'armoire. Elle n'avait rien dit, n'avait posé aucune question. J'ai espéré qu'elle pourrait aimer Cody, et elle n'a pas changé de comportement envers son enfant. Je me rappelle avoir ressenti un malaise quand elle a commencé à me lire des passages de son journal intime, parce qu'il me semblait ne pas connaître le Cody dont elle parlait alors. Je me suis habitué.

    Il nous a annoncé qu'il rentrait à cette heure à cause de la distribution, la distribution de médicaments anti-toxines. Qu'il n'avait pas pu en ramener pour nous, parce qu'il y avait rupture de stock, et puis que je n'en aurai pas parce que j'étais bien trop jeune pour subir un tel traitement ; et puis les autorités disaient que nous n'avions sûrement pas été assez exposés au gaz nocif pour en ressentir les effets. Je me suis demandé si leurs maladies avaient un rapport avec ces toxines. Le lendemain, il est allé demander s'il restait des médicaments, on lui a dit que le centre n'en recevrait qu'une semaine plus tard. Ma mère devrait attendre, qu'elle revienne plus tard.

    Tout a vraiment commencé au cours de cette semaine-là. Parfois, ma mère parlait de la guerre. Mon père a lancé une fois ou deux qu'elle divaguait, nous n'avions pas compris. Et puis, le sixième jour, il a dit qu'elle devenait folle, qu'elle avait été contaminée et qu'il fallait absolument qu'elle prenne le médicament. Durant ces conversations je me taisais toujours prudemment ; mais ma mère était incapable de se taire lorsqu'il s'agissait de la guerre. Elle disait qu'il fallait parler de tout ça pour ne pas laisser ces horreurs être oubliées. Elle aimait aller rendre visite aux gens à l'hôpital, même si elle savait qu'elle aussi devrait bientôt y retourner. Elle l'a regardé comme si c'était lui qui était devenu fou ; alors il a quitté la pièce, très énervé.
    Ma mère s'est approchée de moi et elle s'est penchée pour que nos visages soient à la même hauteur. Elle m'a parlé. Cette fois-là, sa voix n'était pas si fragile, mais quelque chose la faisait trembler. Peut-être la peine, peut-être la colère.

    "Coleen, Cody, qui que tu sois, n'oublie jamais ce qui s'est passé pendant ces années. Je ne sais pas ce qui arrive à ton père, mais je t'en prie, toi, n'oublie jamais. Il faudra toujours faire en sorte que quelqu'un se souvienne, pour ne jamais effacer toutes les vies qui ont été perdues."

    Mon père est revenu, l'a prise par le bras, furieux. Il lui a crié d'en finir avec ces élucubrations. Qu'elle devait absolument prendre le médicament, qu'elle aussi avait été contaminée par les toxines. Il l'a emmenée avec lui.
    Il a dû la frapper, parce que le lendemain matin il est revenu et m'a dit qu'il avait passé la nuit à l'hôpital. Ma mère avait refusé de prendre les médicaments, et elle avait eu un problème. Elle était aux Urgences, et elle allait sûrement mourir.
    Elle est morte deux jours plus tard.

    ~

    J'avais douze ans. Mon père était rarement à la maison. Ce jour-là, il avait prévu de revenir le lendemain matin. Il avait engagé une sorte de nourrice, une femme entre deux âges qui m'était indifférente. Il n'en avait engagé qu'une, lui qui, avant, renvoyait des domestiques tous les jours. Il a changé cela lorsque je suis devenu un garçon. Il a fait jurer à tout le personnel de ne jamais révéler l'existence de Coleen, et d'accepter comme il se devait l'existence de Cody. Pour tout le monde je suis donc devenu Monsieur Cody.
    Je me suis couché comme tous les soirs. Je dormais mal, ces derniers temps, j'avais de la fièvre je crois. Mais je me suis endormi rapidement.
    Et puis je me suis réveillé au milieu de la nuit, en sursaut. J'avais mal. J'ai cru que mon ventre était en train de se déchirer. Je me suis plié en deux, je me suis tordu dans tous les sens pour essayer d'étouffer la douleur. Ça n'a pas marché. J'ai dû crier, parce que ma nourrice est arrivée aussitôt dans ma chambre.
    Il y avait du sang, un peu, sur les draps. Évidemment elle a tout de suite compris, et m'a expliqué ce que je devais faire, ce que c'était que cette douleur. Après tout, même si Cody était un nom de garçon, j'étais encore une petite fille. Ça voulait dire que plus tard, je pourrai être mère.
    Je n'ai rien ressenti de particulier, à part la douleur, quand elle m'a annoncé cela. Coleen n'était-elle pas oubliée ? Puisqu'elle n'était plus là, il n'était pas question qu'elle porte des enfants, après tout. Je ne le lui ai pas dit.
    Le lendemain, quand mon père est arrivé le lendemain, elle l'a mis au courant. D'après elle, il fallait le prévenir, je crois. C'est idiot. Il est arrivé dans ma chambre et m'a insulté. Il a dit que je ruinais ses plans, il m'a répété que Coleen était morte et puis il m'a frappé, très fort. J'ai eu mal, plus mal que la nuit précédente. Les jours suivants il y avait des traces bleues et rouges sur mon ventre.
    Contrairement à ce qu'avait dit ma nourrice, je n'ai plus jamais saigné. Ni le mois suivant, ni ceux d'après.

    ~

    Il est mort quand j'avais 14 ans. J'ai gardé la maison, et renvoyé ma nourrice. J'ai commencé à sortir, beaucoup plus, sans jamais cesser d'être Cody. J'ai repris à mon service un domestique que mon père avait remercié plusieurs mois auparavant, un vieil homme que j'aimais beaucoup. Mon père était assez riche pour le payer encore.
    Dans la ville j'ai fini par tomber sur les gens de la résistance. Ça s'appelait Truth War Squad. Ils étaient désorganisés, relativement peu nombreux. Eux, comme moi, pensaient que la guerre avait vraiment eu lieu. Le domestique que j'avais engagé, et que j'appelais mon Majordome, lui, avait aussi oublié tout ça.
    Moi je n'ai jamais oublié. J'ai rejoint TWS. D'abord, je n'avais aucun rôle particulier. J'étais là, juste. Je m'occupais des affiches, je distribuais des tracts dont j'avais rédigé la plupart. Les gens me regardaient comme si j'étais fou. J'ai commencé à parler avec des jeunes de mon âge. La plupart ne se souvenaient pas, ou pas avec autant de clarté que moi. C'était frustrant. Mais le nombre des résistants a commencé à augmenter. Parallèlement, on parlait aussi de plus en plus des Anti, de la femme à leur tête, et du Prince. Du Prince qui vivait dans cette ville. On le disait insupportable et méchant. Je ne l'ai jamais rencontré. Ils m'ont demandé d'espionner un peu. Le mot m'a fait rire ; mais après tout j'étais fait pour ça. Le fils de Lord Delusion. Espionner n'est jamais vraiment entré dans mon vocabulaire. Il s'agissait juste de parler aux gens, de comprendre ce qu'ils cachaient, leurs motivations et leurs buts. Parfois, c'était très facile.
    J'ai continué, pour ne jamais oublier.



    IV. And more

    Où avez-vous eu le lien du forum ?
    Quel mystère…
    Qu'en pensez-vous de manière globale ? Nul. Nul, nul et archi-nul, c’est évident. *smile*


Dernière édition par Cody Delusion le Dim 16 Mai - 15:59, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Cody Delusion

C. Delusion - Terminée ?! Sanstitre2copieg
Cody Delusion


Messages : 69
Date d'inscription : 20/06/2009

Who are you?
Boulot / Occupation :
Age :
Write that you want here :
C. Delusion - Terminée ?! Empty
MessageSujet: Re: C. Delusion - Terminée ?!   C. Delusion - Terminée ?! EmptyMar 30 Juin - 16:09

Triple-post pour signaler que... *respire un grand coup pour s'empêcher de hurler et de sauter de joie* j'ai enfin fini ^^
J'attends l'avis de notre chère admin'.
Revenir en haut Aller en bas
Alexander Lewis

C. Delusion - Terminée ?! Atwscopie
Alexander Lewis


Messages : 75
Date d'inscription : 19/06/2008

Who are you?
Boulot / Occupation : Killer. Maybe.
Age : Nineteen.
Write that you want here :
C. Delusion - Terminée ?! Empty
MessageSujet: Re: C. Delusion - Terminée ?!   C. Delusion - Terminée ?! EmptyMar 30 Juin - 17:08

    Ah bah enfin....
    *se prend une poêle en pleine figure*
    Aie. Je disais donc, parfait absolument parfait, et dans les temps en plus~
    Sincèrement, c'est bien écrit, c'est agréable à lire et ça me plaît.
    Validée sans attente.
Revenir en haut Aller en bas
https://the-lost-treasure.forumsactifs.com
Contenu sponsorisé





C. Delusion - Terminée ?! Empty
MessageSujet: Re: C. Delusion - Terminée ?!   C. Delusion - Terminée ?! Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
C. Delusion - Terminée ?!
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Hi, do you want to kill me? {Cody Delusion}

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Believe it or Don't. :: . Once upon a time . :: ♫ Your characters :: ♫ Fiches validées-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser