| °• Year's Season •° |

Nous sommes en 2195, soit environ deux cents ans depuis le début de l’autodestruction humaine. Vous ne pouvez pas vraiment saisir le sens de ce que je dis, hein ? Ça ne m’étonne pas, les gens ne voient jamais la vérité là où on note le mensonge. C’est assez simple pourtant, tout se détruit peu à peu… Sur notre bonne vieille Terre, les habitants ont voulu jouer contre la vie et le temps, tout perfectionner au maximum… Mais oui, vous connaissez cette bonne vieille logique :

‘L’important c’est d’être plus compétitif que son voisin.’

Quelle connerie. Simplement, ils y croyaient dur comme fer, eux… La logique n’est qu’une illusion contrôlée par la folie des hommes. Ils ont construit, agrandi, sans se soucier des conséquences, sans voir que leurs enfants tombaient malades, que les jardins mourraient et qu’ils creusaient leurs propres tombes. Un peuple aveugle qui court vers le précipice… Pathétique et tragique histoire qu’est celle de la Terre. Cependant, même quand on a commencé à ne presque plus pouvoir se baigner dans la mer, que les fruits des jardins ont rendu malades les gens… Personne n’a réagi. Tous pris dans leur petit confort intérieur, ils se sont payés des aliments provenant de serres intérieures qui étaient infects mais tellement chers, ils ont fait construire d’immenses piscines chez eux… Mais la Terre pleurait, elle hurlait de douleur tandis que les hommes la piétinaient en riant !

Personne n’a tenté de changer les choses. Cela aurait été tellement inutile, hein ? Ils disaient, les scientifiques et autres connards, que c’était déjà trop tard. Alors, quand je suis né, il était déjà presque impossible de sortir de chez soi. Les gens qui survivent le mieux sont les plus riches, parce qu’ils ont toujours de quoi payer les rares choses qui restent. Les pauvres, eux ? Oh, la plupart sont morts. Petit à petit, tout est devenu si cher et si rare… Dans tous les pays du monde, surtout quand l’Amérique a disparu… Comment ça ? Eh bien, c’était le pire de tous les continents, le Nord je veux dire, et un jour, tous sont partis. En Europe ou ailleurs, la plupart étaient déjà morts à cause des fumées et pluies toxiques qui tombaient. À présent, plus personne n’y met les pieds et on l’appelle le continent disparu. Tout y est affreux et sale, on ne peut guère y survivre plus d’une heure si jamais on veut l’explorer et personne ne s’y risque. Et le Sud alors ? Il n’y a plus personne non plus. Ils ont dû fuir quand les fumées toxiques du Nord sont arrivées chez eux. Peut-être qu’il y reste une centaine de personnes pour tout le continent mais on va pas se taper à aller vérifier !

Miracle ! Quelqu’un a enfin vu qu’il y avait un problème ! Heureusement qu’on s’y est prit à temps, on va tous être sauvés !

Admirez mon ironie. Il est déjà trop tard, autant laisser ces gens imbéciles payer pour leurs actions dénuées de sens et uniquement basées sur l’égoïsme ! Alors pourquoi le directeur d’une des plus grandes compagnies du monde a décidé ça ? Je veux dire… De faire un groupe chargé de sauver cette planète. Sur le coup, je crois bien que si j’en avais entendu parler en étant quelqu’un de normal et d’extérieur au problème, ça m’aurait juste fait rire, encore et encore. Ils ont choisi des gens spéciaux pour ça. Voyez-vous, à force de modifier le monde, il naît parfois des erreurs… Des enfants déformés par exemple… Je trouve ça un peu triste mais pourquoi les parents s’obstinent tant aussi ? C’est de leur faute ! Il y a aussi des gamins qui naissent avec des dons cauchemardesques que certains nomment malédictions. En fait, dans ceux là, il y a douze personnes qui ont des dons bien plus puissants que les autres… Ce serait dur à expliquer mais… On ignore pourquoi pourtant ces douze là sont tous nés le premier d’un mois différent.

Un petit groupe de scientifiques parle d’un cadeau offert par la Terre pour qu’on la sauve mais ça me fait marrer… A mon avis, il faudrait plutôt la laisser tous nous détruire par vengeance… Là, c’est comme si on tentait de sauver une personne atteinte d’une maladie incurable en stade terminal. Y’a aucun espoir, rien du tout ! Je suis une de ces personnes, un ‘élu’ je veux dire. Pour ça, j’ai quitté ma famille pour aller vivre dans un immense complexe qui nous sert de maison et honnêtement, je déteste cette vie. Je suis le plus lâche de mon groupe donc ne m’écoutez pas trop, hein ? Les autres sont bien plus optimistes ! Malgré ça, je pense que je ne suis pas le seul qui pense de ma manière puisqu’il y a des ‘ennemis’. Les Holdens ; tandis que nos surnoms sont ceux des mois, eux c’est les planètes. Je ne sais pas qui les dirige ni les emploie, nous avons juste ordre de les empêcher de faire du mal à la Terre. Je n’ai pas grand chose à dire sur eux, si ce n’est qu’ils ont, en plus de leurs dons, un accès à la technologique que nous n’avons pas et qu’ils détruisent ce que nous arrangeons. Pour eux, ça semble logique et je dois bien avouer que je suis assez de leur avis. A quoi cela sert de soigner l’eau, de protéger et aider les civils, hein ? Pas à grand chose quand on sait qu’ils vont bientôt mourir.

J’ai pas besoin qu’on me reproche ma manière de penser mais juste qu’on m’explique pourquoi on se bat contre la fatalité. Comme si on avait une chance de gagner… On vit dans une réalité à l’allure de cauchemar qui donne envie de fuir en permanence… Un lieu qui fait peur aux gens et les pousse à fuir. Pourtant, comment faire quand il n’y a nulle part où aller ? ■□